Mosaique de la chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj

Mosaique de la chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj
Mosaique de la Chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj

La tâche prophétique de l'agent de communication chrétien

« L'agent de communication chrétien en particulier a une tâche prophétique, une vocation: dénoncer les faux dieux et les fausses idoles d'aujourd'hui — matérialisme, hédonisme, consumérisme, nationalisme étroit, etc. ... — proclamant à tous un ensemble de vérités morales fondées sur la dignité et les droits humains, l'option préférentielle pour les pauvres, la destination universelle des biens, l'amour des ennemis et le respect inconditionnel de toute forme de vie humaine, de la conception à la mort naturelle; et la recherche de la réalisation la plus parfaite du Royaume dans ce monde, tout en demeurant conscient que, à la fin des temps, Jésus restaurera toutes choses et les retournera au Père » (cf. 1 Co 15,24)." {

{L'ethique dans les moyens de communication sociale", Mgr John Folley Vatican 2000}

mercredi 27 janvier 2016

Les médias catholiques affirment leur singularité - La Croix

Les médias catholiques affirment leur singularité - La Croix

Les médias catholiques affirment leur singularité

Journée François de Sales, à Annecy. ZOOM

Journée François de Sales, à Annecy. / Fédération des Médias Catholiques

Réunis à Annecy du 20 au 22 janvier, comme chaque année à l'occasion de la fête de saint François de Sales, 250 journalistes et responsables des médias catholiques français ont tenté de répondre à une question désormais cruciale : « Face à la violence, à la mondialisation, à la perte de repères, les religions enrichissent-elles nos identités culturelles ? »

Deux femmes musulmanes ont répondu à l'appel. L'écrivain algérienne Karima Berger, présidente de l'association Écritures et spiritualités, s'est alarmée : « Menacé de l'intérieur, l'islam s'est asséché jusqu'à l'asphyxie. Les diables se réveillent en nous tous. » Pourtant, « nous n'avons pas le choix de ne pas rencontrer l'Autre, pour travailler ensemble à notre maison commune. »

La jeune Radia Bakkouch, franco-marocaine d'origine palestinienne, présidente de l'association Coexister, est restée de marbre face aux récentes mises en cause de son action par le premier ministre, Manuel Valls. Elle a préféré voir dans la fraternité « le liant de la société française ».

« La nouveauté chrétienne germe au milieu de ce qui disparaît »

Mais l'ensemble des participants, catholiques « inspirés », « émancipés », « observants » et « conciliaires revendiqués », catégories décrites par le sociologue Yann Raison du Cleuziou, ont été surtout ébranlés par l'invité d'honneur, Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas (Syrie). Celui-ci a affirmé préférer « survivre à l'ombre de l'islam pour ne pas disparaître » plutôt qu'être « protégé par l'ONU et accepter ainsi de disparaître ».

Car, a-t-il dit, « vos valeurs de la Révolution nous ont fait du mal : nous avons cassé la tradition islamique avec ces valeurs occidentales. Les droits de l'homme ne doivent pas être imposés de l'extérieur. » Et il a récusé, en Occident, la nécessité de toute intégration : une « erreur culturelle ».

La table ronde finale réunissant Guillaume Goubert (La Croix), Philippine de Saint-Pierre (KTO TV), Martin Féron (RCF) et Jean-Pierre Denis (La Vie) a manifesté la commune singularité des médias catholiques : lutter, en tant que médias d'« instruction publique », contre les « inquiétudes à diffusion lente », « construire une intelligence partagée », « aider chacun à reprendre ses esprits ». Illustrant la proposition de Mgr Claude Dagens : « La nouveauté chrétienne germe au milieu de ce qui disparaît. »

Frédéric Mounier, à Annecy (haute-savoie)



Jtk

mardi 26 janvier 2016

Cybersécurité : la France tend la main aux hackeurs bien intentionnés

Cybersécurité : la France tend la main aux hackeurs bien intentionnés

Cybersécurité : la France tend la main aux hackeurs bien intentionnés

Lorsqu'un spécialiste de la sécurité informatique découvre une faille dans un programme ou un site Web, il peut, bien sûr, s'en servir à ses propres fins. Mais il peut aussi dévoiler l'existence de ce problème aux propriétaires du site ou du programme… Parfois surnommés « white hats » (« chapeaux blancs »), ces bons samaritains ont en général pour objectif de rendre le Net plus sûr pour les utilisateurs. Mais par le passé, certains se sont aussi vu traîner en justice par l'entreprise à qui ils avaient dévoilé l'existence d'un problème, cette dernière les accusant de piratage.

L'Assemblée nationale a voté le 21 janvier une disposition afin de protéger ces experts bien intentionnés. Celle-ci est contenue dans un amendement au projet de loi « pour une République numérique », qui doit être adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, mardi 26 janvier. Une personne qui s'introduit de manière frauduleuse dans un système informatique – une infraction inscrite dans le code pénal« est exempte de peine » si elle prévient au plus vite le responsable du site visé ou les autorités.

Pour la secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire, qui porte le projet de loi à l'Assemblée, il s'agit de « faire alliance avec la multitude d'informaticiens compétents et avec la communauté externe des développeurs » afin de mieux protéger les outils utilisés quotidiennement par les internautes, « dans un cadre légal sûr ». « Il n'est aucunement question d'introduire une exemption pénale qui permettrait à des personnes délibérément hostiles de se voir exonérées de toute responsabilité », a-t-elle souligné dans l'Hémicycle.

Vers une protection légale

Lundi 25 janvier, cette mesure a été saluée par le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), Guillaume Poupard, qui s'exprimait à l'occasion du Forum International de la cybersécurité, à Lille.

Il n'existe pour l'instant aucun cadre juridique pour protéger ces experts informatiques, et la peur de poursuites peut dissuader les mieux intentionnés de partager leurs informations avec les entreprises, « par crainte de sanctions pénales », comme l'a souligné Mme Lemaire à l'Assemblée. Pire, certains peuvent même être tentés de se tourner vers le marché noir.

Lire aussi : Un amendement protégeant les hackeurs qui signalent des failles informatiques rejeté

Car la faille de sécurité a bien souvent un prix, et même un marché dédié. Il existe un commerce de vulnérabilités entre hackeurs peu scrupuleux et criminels, ainsi que des achats de failles par des services de renseignement gouvernementaux. Mais certaines sociétés privées ont d'ores et déjà tendu la main aux experts en sécurité, et préfèrent récompenser les personnes qui leur communiquent les failles décelées.

Ainsi, un grand nombre d'entreprises, d'United Airlines à Microsoft, en passant par Nokia, ont publié la marche à respecter pour leur transmettre des informations sur des failles de sécurité. Tout l'équilibre est d'inciter les internautes qui découvrent des failles à les signaler discrètement, sans toutefois les encourager à utiliser des moyens trop violents pour s'introduire sur un site. Agresser un employé pour obtenir un accès au système n'est pas toléré, précise par exemple United Airlines.

Loin de Microsoft ou Google qui achètent chaque année des dizaines voire des centaines de failles, BlaBlaCar indique n'avoir été contacté qu'une seule fois, début 2014, par un internaute qui avait découvert une vulnérabilité. « On a travaillé en bonne intelligence avec lui, on lui a fait un devis pour un audit, puis on lui a même demandé s'il pouvait chercher d'autres failles », assure la porte-parole du service de covoiturage.

Lire aussi : Le business des « zero day », ces failles inconnues des fabricants de logiciel

Des services qui mettent en relation hackeurs et entreprises

Depuis le 21 janvier, un service mettant en relation hackers et entreprises existe en France. Nommé B0unty Factory, il a été fondé entre autres par le responsable de la sécurité du moteur de recherche Qwant. Actuellement en test privé, le projet est largement inspiré des services identiques proposés aux Etats-Unis, comme la plate-forme HackerOne.

Une entreprise peut décider de s'affilier à cette plate-forme et l'internaute qui découvre une faille trouvera sur le site de HackerOne un point de contact où la signaler auprès de l'entreprise. Toute faille avérée puis corrigée donnera lieu à une rémunération pour le hacker bien intentionné.

A terme, B0unty Factory voudrait proposer aux entreprises des programmes privés qui rassemblent par exemple « les dix ou cinquante meilleurs hackeurs contributeurs de la plate-forme ». B0unty Factory voudrait aussi pouvoir mettre en relation ces experts en sécurité avec des sociétés qui cherchent à recruter, explique son président, Guillaume Vassault-Houlière.



Jtk

samedi 23 janvier 2016

Le pape François a rencontré le patron de Google - La Croix

Le pape François a rencontré le patron de Google - La Croix

Le pape François a rencontré le patron de Google

Le pape François salue Eric Schmidt (G), reçu en audience privée vendredi 15 janvier 2016 au Vatican. L'ancien directeur exécutif de Google est passé à la tête l'an dernier d'un plus large conglomérat, Alphabet. ZOOM

Le pape François salue Eric Schmidt (G), reçu en audience privée vendredi 15 janvier 2016 au Vatican. L'ancien directeur exécutif de Google est passé à la tête l'an dernier d'un plus large conglomérat, Alphabet. / OSSERVATORE ROMANO/AFP

L'agenda publié du pape est d'ordinaire une liste de dirigeants de la Curie, d'évêques en visite, de nonces et d'ambassadeurs près le Saint-Siège. Un grand patron reste plus exceptionnel. Ce 15 janvier, le pape François a rencontré Eric Schmidt, l'ancien directeur exécutif de Google passé à la tête l'an dernier d'un plus large conglomérat, Alphabet, qui comprend le puissant moteur de recherche américain.

Le Vatican s'est borné à confirmer cette audience peu ordinaire. Elle ne devait durer qu'un quart d'heure.

Selon la presse anglo-saxonne, Eric Schmidt devait être accompagné de Jared Cohen, le dirigeant de Google Ideas avec qui il a écrit en avril 2013 un livre intitulé The New Digital Age (Le nouvel âge numérique) sur la manière dont Internet va continuer de transformer la société.

Un thème qui intéresse le pape François. Bien qu'à 79 ans, il soit connu pour avoir longtemps été plus familier de la machine à écrire que de l'ordinateur et qu'il ne regarde plus la télévision, dit-il, depuis 1990, Jorge Bergoglio a fait valoir les chances qu'offre la communication numérique et mis en garde aussi contre ses dérives potentielles dans un texte de 2014 pour la journée mondiale des communications.

« Internet, un don de Dieu »

« L'Internet peut offrir plus de possibilités de rencontre et de solidarité entre tous, et c'est une bonne chose, c'est un don de Dieu », y affirme le pape, non sans souligner les risques inhérents de frénésie. « La vitesse de l'information dépasse notre capacité de réflexion et de jugement ».

Dans ce texte, il invitait aussi à « retrouver un certain sens de la lenteur et du calme », à « faire silence pour écouter ». Une disposition dont peuvent se détourner les internautes, prévenait-il : « Le désir de connexion numérique peut finir par nous isoler de notre prochain, de nos plus proches voisins (..) Nous courons le risque que certains médias nous conditionnent au point de nous faire ignorer notre véritable prochain ».

Le pape dans des « Google Hangouts »

Mais le pape aux 26 millions d'abonnés au total à ses neuf comptes twitter ne veut pas non plus que l'Église passe à côté de son époque. « Ouvrir les portes des églises signifie aussi les ouvrir dans l'environnement numérique », écrivait-il dans ce même message.

Lui-même a participé, via la fondation argentine Scholas, à des « Google Hangouts », des séances où il répond en direct à des questions que lui posent des petits groupes d'élèves scolarisés à travers le monde entier.

L'entretien avec Eric Schmidt survient une semaine avant la publication du prochain message du pape pour la journée mondiale des communications, le 22 janvier, sur le thème de la miséricorde, jubilé oblige.

La communication du Vatican est elle-même en pleine réorganisation, avec la mise sur pied depuis juin dernier d'un Secrétariat pour la communication. Dirigé par Mgr Dario Edoardo Vigano, il doit fédérer l'ensemble des médias du Vatican (Osservatore Romano, Radio Vatican,..) et absorber le Conseil pontifical aux communications sociales.

Sébastien Maillard (à Rome)



Jtk

Pour le pape François, “c’est le cœur de l’homme qui décide si la communication est authentique, pas la technologie” - La Croix

Pour le pape François, "c'est le cœur de l'homme qui décide si la communication est authentique, pas la technologie" - La Croix

Pour le pape François, "c'est le cœur de l'homme qui décide si la communication est authentique, pas la technologie"

Texte original italien Texte original italien (*)

Année de la miséricorde oblige, le pape François a choisi comme thème de son message pour la 50e Journée mondiale des communications sociales – daté du 24 janvier 2016 mais rendu public le 22 janvier – : « Communication et miséricorde : une rencontre féconde ». Après avoir souligné que toute parole jette des ponts entre les personnes, mais aussi entre « les familles, les groupes sociaux, les peuples », il a invité chacun « à redécouvrir le pouvoir de la miséricorde de guérir les relations déchirées, et de ramener la paix et l'harmonie… ». Pour le pape, il est souhaitable « que le langage de la politique et de la diplomatie se laisse aussi inspirer par la miséricorde, qui ne donne jamais rien pour perdu ». Comme il est souhaitable également que la manière de communiquer de l'Église, « n'exprime jamais l'orgueil fier du triomphe sur un ennemi, ni n'humilie ceux que la mentalité du monde considère comme perdants et à rejeter ! » Dans la communication, plus qu'entendre – qui relève de la simple information –, il est nécessaire de savoir écouter, estime encore le pape François. « Dans l'écoute une sorte de martyre se consume, explique-t-il, un sacrifice de soi-même dans lequel le geste sacré accompli par Moïse devant le buisson ardent se renouvelle… » Concernant les nouveaux moyens de communication, il reconnaît volontiers que les « e-mails », « sms », réseaux sociaux, « chats » peuvent, eux aussi, « être des formes de communication pleinement humaines ». Cependant, précise-t-il, « ce n'est pas la technologie qui décide si la communication est authentique ou non, mais le cœur de l'homme… ». Pour le pape François, la communication a élargi les horizons de beaucoup de personnes. « C'est un don de Dieu, et c'est aussi une grande responsabilité. »

La DC

Chers frères et sœurs,

L'Année sainte de la miséricorde nous invite à réfléchir sur le rapport entre communication et miséricorde. En effet l'Église, unie au Christ, incarnation vivante de Dieu miséricordieux, est appelée à vivre la miséricorde comme un trait distinctif de tout son être et de tout son agir. Ce que nous disons et la manière dont nous le disons, chaque parole et chaque geste, devrait pouvoir exprimer la compassion, la tendresse et le pardon de Dieu pour tous. L'amour, par nature, est communication, il conduit à s'ouvrir et non pas à s'isoler. Et si notre cœur et nos gestes sont animés par la charité, par l'amour divin, notre communication sera porteuse de la force de Dieu.

En tant qu'enfants de Dieu, nous sommes appelés à communiquer avec tous, sans exclusion. En particulier, c'est le propre du langage et des actions de l'Église que de transmettre la miséricorde, en sorte de toucher les cœurs des personnes et de les soutenir sur le chemin vers la plénitude de la vie que Jésus-Christ, envoyé par le Père, est venu apporter à tous. Il s'agit d'accueillir en nous et de répandre autour de nous la chaleur de l'Église Mère, pour que Jésus soit connu et aimé ; cette chaleur qui donne consistance aux paroles de la foi et qui allume dans la prédication et dans le témoignage l'« étincelle » qui les rend vivantes.

Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes

La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l'inclusion, enrichissant ainsi la société. Comme il est beau de voir des personnes engagées à choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, guérir la mémoire blessée et construire la paix et l'harmonie. Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes, les familles, les groupes sociaux, les peuples ; que ce soit dans le domaine physique ou dans le domaine numérique. Que les paroles et les actions soient donc telles qu'elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances, qui continuent à piéger les individus et les nations, et qui conduisent à s'exprimer avec des messages de haine. La parole du chrétien, au contraire, se propose de faire grandir la communion et, même quand il faut condamner le mal avec fermeté, elle cherche à ne jamais briser la relation et la communication.

Je voudrais donc inviter toutes les personnes de bonne volonté à redécouvrir le pouvoir de la miséricorde de guérir les relations déchirées, et de ramener la paix et l'harmonie entre les familles et dans les communautés. Nous savons tous de quelle manière les vieilles blessures et les ressentiments peuvent piéger les personnes et les empêcher de communiquer et de se réconcilier. Et ceci vaut aussi pour les relations entre les peuples. Dans tous ces cas, la miséricorde est capable de créer une nouvelle manière de parler et de dialoguer, comme l'a ainsi très bien exprimé Shakespeare : « La miséricorde n'est pas une obligation. Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit » (Le Marchand de Venise, Acte 4, Scène 1).

Il est souhaitable que le langage de la politique et de la diplomatie se laisse aussi inspirer par la miséricorde, qui ne donne jamais rien pour perdu. Je fais appel surtout à tous ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, politiques et dans la formation de l'opinion publique, pour qu'ils soient toujours vigilants sur la manière de s'exprimer envers celui qui pense ou agit autrement, et aussi envers celui qui peut s'être trompé. Il est facile de céder à la tentation d'exploiter de semblables situations et d'alimenter ainsi les flammes de la défiance, de la peur, de la haine. Il faut au contraire du courage pour orienter les personnes dans des processus de réconciliation ; et c'est justement cette audace positive et créative qui offre de vraies solutions à de vieux conflits, et l'occasion de réaliser une paix durable. « Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséricorde (…) Bienheureux les artisans de paix, parce qu'ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 7. 9).

Des paroles et des gestes durs ou moralisants risquent d'être aliénants

Comme je voudrais que notre manière de communiquer, et aussi notre service de pasteurs dans l'Église, n'exprime jamais l'orgueil fier du triomphe sur un ennemi, ni n'humilie ceux que la mentalité du monde considère comme perdants et à rejeter ! La miséricorde peut aider à tempérer les adversités de la vie et à offrir de la chaleur à tous ceux qui ont seulement connu la froideur du jugement. Que le style de notre communication soit en mesure de dépasser la logique qui sépare nettement les pécheurs des justes. Nous pouvons et devons juger des situations de péché – violence, corruption, exploitation, etc. – mais nous ne pouvons pas juger les personnes, parce que seul Dieu peut lire en profondeur dans leur cœur. C'est notre devoir d'avertir celui qui se trompe, en dénonçant la méchanceté et l'injustice de certains comportements, afin de libérer les victimes et de soulager celui qui est tombé. L'Évangile de Jean nous rappelle que « la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Cette vérité est, en définitive, le Christ lui-même, dont la douce miséricorde est la mesure de notre manière d'annoncer la vérité et de condamner l'injustice. C'est notre principal devoir d'affirmer la vérité avec amour (Cf. Ep 4, 15). Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes. Des paroles et des gestes durs ou moralisants risquent d'aliéner plus tard ceux que nous voudrions conduire à la conversion et à la liberté, en renforçant leur sens du refus et de la défense.

Certains pensent qu'une vision de la société enracinée dans la miséricorde serait de façon injustifiée idéaliste ou excessivement indulgente. Mais essayons de repenser à nos premières expériences de relations au sein de la famille. Nos parents nous ont aimés et appréciés pour ce que nous sommes, plus que pour nos capacités et nos succès. Les parents veulent naturellement le meilleur pour leurs enfants, mais leur amour n'est jamais conditionné par le fait d'atteindre des objectifs. La maison paternelle est le lieu où tu es toujours accueilli (Cf. Lc 15, 11-32). Je voudrais vous encourager tous à penser la société humaine non comme un espace où des étrangers rivalisent et cherchent à dominer, mais plutôt comme une maison ou une famille, où la porte est toujours ouverte et où l'on cherche à s'accueillir réciproquement.

Écouter est beaucoup plus qu'entendre

C'est pourquoi il est fondamental d'écouter. Communiquer signifie partager, et le partage exige l'écoute, l'accueil. Écouter est beaucoup plus qu'entendre. Entendre concerne le domaine de l'information ; écouter, en revanche, renvoie à celui de la communication, et exige la proximité. L'écoute nous permet d'avoir l'attitude juste, en sortant de la condition tranquille de spectateurs, d'auditeurs, de consommateurs. Écouter signifie aussi être capable de partager des questions et des doutes, de faire un chemin côte à côte, de s'affranchir de toute présomption de toute-puissance et de mettre humblement ses capacités et ses dons au service du bien commun.
Écouter n'est jamais facile. Parfois il est plus confortable de faire le sourd. Écouter signifie prêter attention, avoir le désir de comprendre, de valoriser, respecter, garder la parole de l'autre. Dans l'écoute une sorte de martyre se consume, un sacrifice de soi-même dans lequel le geste sacré accompli par Moïse devant le buisson ardent se renouvelle : retirer ses sandales sur la « terre sainte » de la rencontre avec l'autre qui me parle (Cf. Ex 3, 5). Savoir écouter est une grâce immense, c'est un don qu'il faut invoquer pour ensuite s'exercer à le pratiquer.

L'accès aux réseaux numériques comporte une responsabilité pour l'autre

Les « e-mails », « SMS », réseaux sociaux, « chats » peuvent, eux aussi, être des formes de communication pleinement humaines. Ce n'est pas la technologie qui décide si la communication est authentique ou non, mais le cœur de l'homme et sa capacité de bien user des moyens mis à sa disposition. Les réseaux sociaux sont capables de favoriser les relations et de promouvoir le bien de la société, mais ils peuvent aussi conduire plus tard à des polarisations et des divisions entre les personnes et les groupes. Le domaine numérique est une place, un lieu de rencontre, où l'on peut caresser ou blesser, avoir une discussion profitable ou faire un lynchage moral. Je prie pour que l'Année jubilaire vécue dans la miséricorde « nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu'elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu'elle repousse toute forme de violence et de discrimination » (Misericordiae vultus, n. 23). Une véritable citoyenneté se construit aussi en réseau. L'accès aux réseaux numériques comporte une responsabilité pour l'autre, que nous ne voyons pas mais qui est réel, il a sa dignité qui doit être respectée. Le réseau peut être bien utilisé pour faire grandir une société saine et ouverte au partage.

La communication, ses lieux et ses instruments, a comporté un élargissement des horizons pour beaucoup de personnes. C'est un don de Dieu, et c'est aussi une grande responsabilité. J'aime définir ce pouvoir de la communication comme « proximité ». La rencontre entre la communication et la miséricorde est féconde dans la mesure où elle génère une proximité qui prend soin, réconforte, guérit, accompagne et fait la fête. Dans un monde divisé, fragmenté, polarisé, communiquer avec miséricorde signifie contribuer à la bonne, libre et solide proximité entre les enfants de Dieu et les frères en humanité.

(*) Version française de la Salle de presse du Saint-Siège. Titre et intertitres de La DC.



Jtk