Les médias catholiques affirment leur singularité
Journée François de Sales, à Annecy. / Fédération des Médias Catholiques
Réunis à Annecy du 20 au 22 janvier, comme chaque année à l'occasion de la fête de saint François de Sales, 250 journalistes et responsables des médias catholiques français ont tenté de répondre à une question désormais cruciale : « Face à la violence, à la mondialisation, à la perte de repères, les religions enrichissent-elles nos identités culturelles ? »
Deux femmes musulmanes ont répondu à l'appel. L'écrivain algérienne Karima Berger, présidente de l'association Écritures et spiritualités, s'est alarmée : « Menacé de l'intérieur, l'islam s'est asséché jusqu'à l'asphyxie. Les diables se réveillent en nous tous. » Pourtant, « nous n'avons pas le choix de ne pas rencontrer l'Autre, pour travailler ensemble à notre maison commune. »
La jeune Radia Bakkouch, franco-marocaine d'origine palestinienne, présidente de l'association Coexister, est restée de marbre face aux récentes mises en cause de son action par le premier ministre, Manuel Valls. Elle a préféré voir dans la fraternité « le liant de la société française ».
« La nouveauté chrétienne germe au milieu de ce qui disparaît »
Mais l'ensemble des participants, catholiques « inspirés », « émancipés », « observants » et « conciliaires revendiqués », catégories décrites par le sociologue Yann Raison du Cleuziou, ont été surtout ébranlés par l'invité d'honneur, Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas (Syrie). Celui-ci a affirmé préférer « survivre à l'ombre de l'islam pour ne pas disparaître » plutôt qu'être « protégé par l'ONU et accepter ainsi de disparaître ».
Car, a-t-il dit, « vos valeurs de la Révolution nous ont fait du mal : nous avons cassé la tradition islamique avec ces valeurs occidentales. Les droits de l'homme ne doivent pas être imposés de l'extérieur. » Et il a récusé, en Occident, la nécessité de toute intégration : une « erreur culturelle ».
La table ronde finale réunissant Guillaume Goubert (La Croix), Philippine de Saint-Pierre (KTO TV), Martin Féron (RCF) et Jean-Pierre Denis (La Vie) a manifesté la commune singularité des médias catholiques : lutter, en tant que médias d'« instruction publique », contre les « inquiétudes à diffusion lente », « construire une intelligence partagée », « aider chacun à reprendre ses esprits ». Illustrant la proposition de Mgr Claude Dagens : « La nouveauté chrétienne germe au milieu de ce qui disparaît. »
Frédéric Mounier, à Annecy (haute-savoie)
Jtk
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