Mosaique de la chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj

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La tâche prophétique de l'agent de communication chrétien

« L'agent de communication chrétien en particulier a une tâche prophétique, une vocation: dénoncer les faux dieux et les fausses idoles d'aujourd'hui — matérialisme, hédonisme, consumérisme, nationalisme étroit, etc. ... — proclamant à tous un ensemble de vérités morales fondées sur la dignité et les droits humains, l'option préférentielle pour les pauvres, la destination universelle des biens, l'amour des ennemis et le respect inconditionnel de toute forme de vie humaine, de la conception à la mort naturelle; et la recherche de la réalisation la plus parfaite du Royaume dans ce monde, tout en demeurant conscient que, à la fin des temps, Jésus restaurera toutes choses et les retournera au Père » (cf. 1 Co 15,24)." {

{L'ethique dans les moyens de communication sociale", Mgr John Folley Vatican 2000}

mercredi 20 décembre 2017

L’affaire Marcel Ghanem, une « dérive vers la dictature »

Depuis le 10 novembre dernier, notre confrère Marcel Ghanem est poursuivi en justice pour avoir reçu sur le plateau de son talk-show, Kalam el-Nass, deux journalistes saoudiens qui se sont livrés à de violentes critiques adressées au pouvoir en place.
Mais au-delà de la procédure judiciaire lancée par le ministre de la Justice, Salim Jreissati, à l'encontre du journaliste-vedette de la LBCI, cette question ne fait que s'amplifier et devient de plus en plus liée à la liberté d'expression et de la presse, garantie par la Constitution dans un pays qui se veut démocratique et respectueux des droits de l'homme. D'autant que Marcel Ghanem avait fait l'objet lundi d'un mandat d'amener émis par le premier juge d'instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour.
Si cet acte vise principalement à mener M. Ghanem à comparaître devant le juge d'instruction pour être interrogé le 4 janvier 2018, certains – notamment dans les milieux de l'opposition – y ont décelé une grave atteinte à la liberté de la presse, mais aussi et surtout une sérieuse menace au régime politique du pays et au principe de la séparation des pouvoirs, dans la mesure où l'affaire Ghanem serait une preuve de l'intervention du pouvoir politique dans l'action du pouvoir judiciaire.

C'est d'ailleurs sur ce dernier point que le député Boutros Harb, avocat de M. Ghanem, a axé sa conférence de presse tenue hier à son bureau, à Hazmieh. Étaient présentes plusieurs personnalités politiques et du monde de la presse et des médias venues exprimer leurs solidarité avec Marcel Ghanem. Il y avait notamment l'ancien président de la République Amine Gemayel, les députés Nadim Gemayel, Samer Saadé, Dory Chamoun, Nayla Tuéni et Atef Majdalani, ainsi que les anciens ministres Alain Hakim et Ziyad Baroud. Il y avait aussi nos collègues Michel Hajji Georgiou (chef du service local à L'Orient-Le Jour), May Chidiac, Assaad Béchara, Georges Ghanem, et le PDG de la LBCI, Pierre Daher.


Plainte contre le juge Mansour
Réitérant les faits de l'affaire Ghanem, Boutros Harb a clairement fait savoir que son client n'a pas été notifié de la procédure lancée à son encontre par la procureure générale près de la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, conformément aux textes de lois en vigueur. « Marcel Ghanem est poursuivi pour diffamation à l'encontre du chef de l'État et pour avoir résisté à la justice et refusé de se présenter devant le juge », a martelé Boutros Harb, faisant valoir que les actes attribués à M. Ghanem ne constituent pas un crime, et qu'il n'y a pas de sanctions à ces actes. « C'est pour cette raison que nous avons décidé de présenter un recours pour vices de forme devant le premier juge d'instruction au Mont-Liban, Nicolas Mansour », a-t-il ajouté.

Détaillant cette décision, le député du Batroun a indiqué que « l'article 73 du code de procédure pénale stipule que "chaque avocat a le droit – même en l'absence de son client – de présenter un recours pour vices de forme" ». « Mais, en dépit de ce texte, le juge a refusé de recevoir le recours exigeant la présence de Marcel Ghanem en personne, sous peine de prendre les mesures adéquates à son encontre. Il a ainsi violé les règles de droit », a déploré l'avocat, soulignant qu'il a présenté une note réclamant de nommer un autre juge pour étudier l'affaire, et qu'il a déposé une plainte contre le juge Mansour auprès de l'Inspection judiciaire.
Commentant par ailleurs le mandat d'amener émis à l'encontre de M. Ghanem, M. Harb a mis en garde contre « le début d'une dérive vers la dictature », soulignant par la même occasion que son client est prêt à comparaître devant la justice le 4 janvier.


« Jamais eu peur de Ghazi Kanaan »
Commentant l'affaire sous un angle strictement politique, Boutros Harb a mis en garde contre « une menace à laquelle fait face le régime politique libanais, notamment en ce qui concerne le principe de la séparation des pouvoirs et l'indépendance du pouvoir judiciaire ». M. Harb n'a d'ailleurs pas manqué de stigmatiser « une tentative de la part du pouvoir politique de contrôler la justice et de la dompter pour servir des intérêts politiques ».

Allant beaucoup plus loin, Boutros Harb a déclaré sans détour : « C'est cela qui explique la bataille acharnée, menée par le pouvoir politique, pour imposer les nominations judiciaires qui lui conviennent pour pouvoir porter atteinte à ses adversaires. » Pour M. Harb, « cela nous rappelle les régimes totalitaires et policiers axés sur la corruption, la persécution et le musellement des opposants, ainsi que les atteintes aux libertés ».
Même son de cloche chez Amine Gemayel. Prenant la parole au début de la conférence de presse, il a exprimé ses craintes quant à l'avenir des libertés au Liban, dans la mesure où celles-ci constituent la raison d'être du pays du Cèdre, mettant l'accent sur les retombées négatives des pressions exercées sur le pouvoir judiciaire.

Interrogé par L'Orient-Le Jour en marge de la conférence, Marcel Ghanem a voulu adresser ce message clair au mandat Aoun et au ministre de la Justice, Salim Jreissati : « Il est grand temps de se rappeler du régime démocratique libanais, principalement axé sur la liberté de la presse et des médias. » « Ce qui s'est produit récemment n'est pas digne d'un sexennat qui brandit le slogan du changement et de la réforme », a ajouté le journaliste.
Tout comme le journaliste-vedette, Pierre Daher, PDG de la LBCI, semble déterminé à mener jusqu'au bout la bataille de la liberté des médias. Joint par L'OLJ, il assure que la chaîne ne craint aucunement de tels agissements de la part du pouvoir politique pour dompter les médias. « Nous n'avons jamais eu peur de Ghazi Kanaan. Nous n'allons pas craindre le pouvoir aujourd'hui », lance-t-il sur un ton déterminé.
Enfin, Rami Rayes, responsable de la section média au sein du Parti socialiste progressiste, s'est indigné, via L'OLJ, des atteintes à la liberté d'expression qui constitue une des plus grandes qualités du Liban.


https://www.lorientlejour.com/article/1090428/laffaire-marcel-ghanem-une-derive-vers-la-dictature-.html

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