À l’âge où la plupart des marmots trépignent d’impatience devant l’incompréhension médusée de leurs géniteurs, Léandre (15 mois, 6 dents) communique calmement malgré ses trois mots de vocabulaire. Son secret : il utilise ses petites mains pour s’exprimer. La plupart du temps, ça fonctionne. À condition, toutefois, de connaître la langue des signes française (LSF). « La semaine dernière, mon fils râlait dans les bras de sa tante parce qu’elle ne comprenait pas qu’il voulait allumer la lumière ! » commente Anne-Catherine, qui suit depuis un an les ateliers de l’association Signe avec Moi (SAM).
Organisées un peu partout en France, ces sessions proposent de se familiariser avec la LSF à travers des comptines et des jeux très appréciés des tout-petits. « Leur but consiste à aider les enfants à manifester leur ressenti autrement que par des pleurs, en attendant que la parole se mette en place » explique Anaïs Gilles. Et Marielle d’illustrer les propos de la présidente par le souvenir ému de la nuit où son petit Marco a remplacé ses inconsolables crises de larmes par le geste « manger ». « Sans le recours à cette gestuelle, j’ignore combien de temps auraient duré ses fringales nocturnes » s’interroge cette maman soulagée (et reposée).
per la motricité fine de la main
Curieusement, si l’initiation à cette langue rencontre un franc succès chez les entendants, elle est beaucoup moins prisée des non-entendants. « La communauté des sourds à laquelle j’appartiens s’autorise peu à signer tant la pression médicale est forte pour l’inciter à parler » illustre Monica Companys, fondatrice des éditions éponymes. Elle cite le recours aux implants cochléaires et les séances d’orthophonies laborieuses pour briser le silence. Une situation que déplore Anaïs Gilles : « Le recours à la gestuelle est non seulement un mode d’expression ludique qui plaît à tous les enfants, mais aussi un moyen pertinent pour développer la motricité fine de la main. »Anne-Catherine, elle, y a vu un atout supplémentaire : renforcer la complicité entre Léandre et son conjoint, qui a « trouvé plus facilement sa place dans (leur) trio. » Enfin, même s’il n’existe pas de méthode miracle pour avoir des enfants sages, le recours à la LSF peut servir une stratégie redoutable : acheter le silence de nos chères têtes blondes. « Si j’avais appris cette langue, j’aurais compris plus tôt que le mot “Quigongong” désignait un jeu de cartes et évité quelques déboires sonores » plaisante Joëlle, en repensant aux colères de sa petite dernière.
(1) Même si la situation évolue, la LSF est encore loin de rencontrer le succès de l’ASL (American Sign Language), qui constitue la quatrième langue la plus étudiée aux États-Unis.
Des ateliers pour apprendre
Certains parents participent aux ateliers SAM dès la grossesse de la maman pour se familiariser rapidement avec les signes. Une fois le bébé né, mieux vaut généralement attendre qu’il ait 5 ou 6 mois avant de commencer avec lui. En revanche, il n’y a pas d’âge limite : le côté ludique de cette langue plaît à tous les enfants, même ceux âgés de quelques années.À lire
Les P’tits signes (livre et DVD), de Monica Companys (éd. Monica Companys), 2011.
Signe avec moi, de Monica Companys et Nathanaëlle Bouhier-Charles (éd. Monica Companys), 2005.
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