Mosaique de la chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj

Mosaique de la chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj
Mosaique de la Chapelle Redemptoris Mater ,par Marko Rupnik sj

La tâche prophétique de l'agent de communication chrétien

« L'agent de communication chrétien en particulier a une tâche prophétique, une vocation: dénoncer les faux dieux et les fausses idoles d'aujourd'hui — matérialisme, hédonisme, consumérisme, nationalisme étroit, etc. ... — proclamant à tous un ensemble de vérités morales fondées sur la dignité et les droits humains, l'option préférentielle pour les pauvres, la destination universelle des biens, l'amour des ennemis et le respect inconditionnel de toute forme de vie humaine, de la conception à la mort naturelle; et la recherche de la réalisation la plus parfaite du Royaume dans ce monde, tout en demeurant conscient que, à la fin des temps, Jésus restaurera toutes choses et les retournera au Père » (cf. 1 Co 15,24)." {

{L'ethique dans les moyens de communication sociale", Mgr John Folley Vatican 2000}

samedi 27 octobre 2012

L'Église catholique en quête d'un second souffle

    • L'Église catholique en quête d'un nouvel élan

      Mots clés : 
      Par Jean-Marie GuénoisMis à jour  | publié  Réactions (37)
      «Le chrétien ne doit pas être tiède», affirmé Benoît XVI, jeudi au Vatican, lors des états généraux convoqués pour savoir ce qui ne va plus dans l'Église catholiqu
      «Le chrétien ne doit pas être tiède», affirmé Benoît XVI, jeudi au Vatican, lors des états généraux convoqués pour savoir ce qui ne va plus dans l'Église catholiqu Crédits photo : Gregorio Borgia/AP
      •  Le synode sur la nouvelle évangélisation a confirmé la lourdeur d'un appareil méfiant envers les communautés nouvelles.

      Il fallait le culot d'un laïc pour comparer la nouvelle évangélisation à un «match de foot». 
      Jose Prado Flores, mexicain et fondateur d'une école d'évangélisation en pleine expansion au Canada, a osé. 
      Devant les 300 évêques et experts, réunis en synode à Rome et voulu par Benoît XVI pour relancer «la nouvelle évangélisation» et dynamiser les méthodes de l'Église catholique pour ne plus échouer, au moins en Occident, à «transmettre la foi», il a pris cette image: «La pédagogie de la foi est un match de foot avec deux mi-temps. La première mi-temps doit être jouée par les évangélisateurs, les témoins qui ont fait l'expérience d'une rencontre avec Jésus. 
      La seconde mi-temps doit mettre en jeu les catéchistes, les théologiens pour approfondir plus sérieusement la doctrine.
       Vous, les évêques, vous êtes les entraîneurs: vous devez savoir que c'est à la seconde mi-temps que l'on gagne le match mais encore faut-il jouer la première mi-temps!»
      Ce match de la nouvelle évangélisation, l'Église catholique peine à le gagner. Et Benoît XVI le sait, qui a convoqué ces états généraux pour mettre à plat ce qui ne va plus dans l'Église catholique et discerner ce qui porte du fruit. 
      En 1974 déjà, Paul VI, avait convoqué un synode similaire sur «l'évangélisation dans le monde moderne» dont un certain Karol Wojtyla, futur Jean-Paul II, était le rapporteur général. C'est dire si le malaise - que certains attribuent aux réformes du concile Vatican II, d'autres à l'oubli de Dieu véhiculé par la société de consommation - remonte à loin. 
      En attendant, l'Église catholique en Occident souffre et se vide.
       Le document initial du synode qui se clôt ce dimanche - et dont une cinquantaine de «propositions» concrètes et conclusives, seront transmises au Pape aujourd'hui - évoquait même «l'apostasie silencieuse». C'est-à-dire, un rejet de la foi chez les fidèles catholiques. La pire chose du point de vue de l'Église.

      Le kérygme

      En attendant, Jose Prado Flores, dont on retrouve facilement les propos percutants sur le site de KTO, a voulu marquer les esprits. Tirant droit au but, il a insisté sur l'importance de la «première annonce». Sans elle, estime-t-il, la nouvelle évangélisation est vouée à l'échec. «On n'évangélise pas d'abord, assure-t-il, avec des théories, des doctrines et des dogmes. 
      Tout cela est bien mais vient après.» Cette «première annonce», les théologiens l'appellent «le kérygme». C'est le fait d'interroger directement les gens, «connais-tu le Christ?» et de leur en témoigner, tout de go! Une méthode pratiquée sans complexe par les protestants évangéliques. Elle fonde en partie leur succès mais déclenche la critique de prosélytisme.
      Benoît XVI, lui-même, avant d'écouter toutes les interventions - cinq minutes pour chacun - l'avait évoqué à sa façon dans le grand amphi de la salle du synode au Vatican. Lui qui s'autorise très rarement des improvisations avait parlé d'abondance tant ce sujet lui tient à cœur: «Le chrétien ne doit pas être tiède. L'Apocalypse nous dit que là est le plus grand danger du chrétien: qu'il ne dise pas non, mais un oui très tiède. Cette tiédeur discrédite justement le christianisme. 
      La foi doit devenir en nous une flamme de l'amour, une flamme qui allume réellement mon être, devient une grande passion de mon être, et allume ainsi mon prochain. Ceci est le mode de l'évangélisation: Accendat ardor proximos, (l'enthousiasme embrase ceux qui sont autour de moi, NDLR). Que la vérité devienne en moi charité. Et la charité allume l'autre aussi, comme le fait le feu. C'est seulement dans cette action d'allumer l'autre à travers la flamme de notre charité que croît réellement l'évangélisation, la présence de l'Évangile, qui n'est plus seulement parole mais réalité vécue.» Mais un feu, ajoutait ce Pape intellectuel qui doit être un «feu intelligent».

      L'ivresse sobre

      Pour le coup, le feu qu'ont voulu ne pas éteindre les «pères synodaux» ne manque pas d'intelligence. Leur «message final» publié vendredi en est truffé (voir ci-dessous). Mais cette interminable et quasi parfaite copie d'élève appliqué - douze pages -, qui veut traiter de tout et n'oublier personne, semble avoir perdu, en chemin, ce feu sacré que Benoît XVI voulait ranimer. 
      De plus, l'économie du texte ne va pas dans le sens de l'audace du chrétien évangélisateur à laquelle le pudique Benoît XVI avait appelé dans sa première intervention en choisissant le joli terme latin de sobria ebrietas, l'ivresse sobre! Le message final refroidit cette ardeur: «Partout est ressenti le besoin de raviver la foi qui risque de s'obscurcir», reconnaît-il mais «il ne s'agit pas de tout recommencer à zéro.» Et de marteler: «Il ne s'agit pas d'inventer on ne sait quelles stratégies, comme si l'Évangile était un produit à placer sur le marché des religions».
      Tout s'est donc passé, pendant ce synode, comme si l'Église «structure» avait pris le pas sur les innovations lancées par les nouvelles communautés, elles qui semblaient pourtant incarner «la nouvelle évangélisation». Un évêque ponctue: «Si certains voyaient en ce synode, un trait d'union entre la nouvelle évangélisation et les communautés nouvelles, ils se sont lourdement trompés».

      Dans deux ans, une «exhortation apostolique post-synodale»

      Vendredi, l'archevêque de Florence, le cardinal Giuseppe Bertoni, président de la «commission du message», a toutefois rappelé que la vraie conclusion du synode arrivera dans deux ans et non demain. Quand Benoît XVI, sur la base de tous ces travaux et des «propositions» finales du synode, aura rédigé une «exhortation apostolique post-synodale». Seule cette charte authentique de ce synode lui donnera son orientation. Ce cardinal italien insistant plutôt sur le «ton encourageant» de ce message final car «nous ne devons pas accepter cette vision catastrophique de l'Église. Elle a été contredite par tant d'expériences positives racontées lors des séances du synode».
      Lourde machine donc que ce synode. La critique la plus acerbe aura été publiquement décochée, jeudi, par le général des jésuites, le père Adolfo Nicolas, un Espagnol. Il répondait à une question sur la faible présence de laïcs et l'absence de non-croyants dans cette assemblée: «Ce synode m'a rappelé une phrase de Steve Jobs: "je suis davantage intéressé par les questions des consommateurs que par celles des producteurs". Or, dans ce synode, nous étions tous des producteurs.»

      «Conscients de ne jamais pouvoir être à la hauteur»

      «L'INVITATION à évangéliser  se traduit en un appel à la conversion, précise le message final du synode aux catholiques,nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes  à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toutes choses (…). Avec humilité, nous devons reconnaître que les pauvretés  et les faiblesses des disciples de Jésus, en particulier de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. Nous sommes, certes, conscients, nous évêques en premier lieu, de ne jamais pouvoir être à la hauteur de l'appel du Seigneur (…). Nous avons conscience du devoir de reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l'histoire  et nous n'hésitons pas à reconnaître  nos propres péchés. Cependant, nous sommes aussi convaincus que la force  de l'Esprit du Seigneur peut renouveler son Église (…) , si nous nous laissons modeler par lui. Les vies des saints en sont la preuve (…). Si ce renouvellement était confié à nos forces, il y aurait  de sérieux motifs de douter, mais  la conversion, comme l'évangélisation, n'a pas dans l'Église comme premiers acteurs les pauvres hommes  que nous sommes, mais bien plutôt l'Esprit même du Seigneur. C'est en cela que réside notre force ainsi que notre certitude que le mal n'aura jamais  le dernier mot, ni dans l'Église  ni dans l'histoire. L'œuvre  de la nouvelle évangélisation repose  sur cette certitude sereine.»
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