« On observe chez les adolescents une sexualité de plus en plus "trash", violente, et une consommation addictive de pornographie très précoce.
Certains enfants de 9-10 ans regardent de la pornographie trois heures par jour. Des chefs d'établissement m'ont aussi parlé de séances de fellation collective dans les toilettes. On ne peut pas laisser les jeunes construire leur sexualité avec ces images. Elles sont très angoissantes et induisent une logique de performance. Que des adultes visionnent des films porno ne me gêne pas, si c'est leur choix. Mais que des enfants construisent leur fantasmagorie sexuelle sur ces films dont les thèmes vont de plus en plus loin (zoophilie, viols, inceste, etc.) m'inquiète beaucoup.
La loi de 2001 relative à l'éducation à la sexualité à l'école n'est pas appliquée. C'est désormais la pornographie qui éduque nos enfants à la sexualité. Ce que la pornographie montre, c'est que lorsque les femmes disent "non", elles veulent dire "oui". Elle en donne une image dégradée et méprisante. Cette situation me pousse à poser une question citoyenne : qu'en sera-t-il des rapports hommes-femmes dans l'avenir ?
J'ai rencontré en mars dernier François Hollande, et je lui ai fait trois propositions.
-En premier lieu, il faut informer les parents des dangers de la pornographie pour leurs enfants. Dans 30 % des cas, les jeunes regardent leur premier film porno en leur empruntant un document. -, - Deuxiemement il faut prévenir les addictions en discutant avec ses enfants et dire aux garçons comme aux filles que ces images sont nuisibles. Elles ne correspondent ni à la réalité, ni à ce qui se passe entre deux êtres humains.
- Enfin, je demande que les serveurs d'accès Internet ne puissent plus montrer une seule image pornographique sans que l'on ait donné un numéro de carte bancaire. Aujourd'hui, les jeunes surfent facilement sur les sites pornographiques sans débourser un seul centime. Le contrôle Internet ne suffit pas, car les adolescents peuvent aller sur l'ordinateur d'un copain, voire y avoir accès sur un smartphone.
On sous-estime le problème. Ceux qui minimisent ce phénomène oublient ce qu'est le développement psychique d'un enfant. Abreuver les jeunes d'images pornographiques, c'est de la barbarie. »
(1) Auteur de Et si on parlait de sexe à nos ados ? avec Brigitte Letombe, Sophie Marinopoulos, Éditions Odile Jacob, 248 p., 21 €.
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