2/3/2013-L'arabe face aux défis du numérique | À La Une | L'Orient-Le Jour
«Notre langue maternelle serait-elle une langue unifiée ou éclatée? Un facteur de distorsion ou de rencontre?» s'écrie le Dr Tanios Noujaim, chef de département de langue et littérature arabes à l'USEK. La Journée mondiale de la langue maternelle, proclamée par l'Unesco en l'an 2000, s'avère une occasion annuelle pour une remise en question inévitable du statut de la langue maternelle au Liban. Entre multilinguisme et mondialisation, la langue arabe fait face à plusieurs défis, dont l'hétérogénéité des dialectes. En effet, selon le Dr Noujaim, il n'existe pas une seule langue maternelle pour le peuple libanais. Cependant, c'est la langue courante et pratiquée au quotidien, en d'autres termes le dialecte libanais, qui unit notre peuple. «Pour sauver notre langue maternelle, il faut se mobiliser. Et pour ce faire, il faut mettre en branle une série d'initiatives ayant pour point de départ les points communs entre les Libanais et les peuples arabes et pour visée, la création d'une nation arabe linguistiquement unie», ajoute-il sur un ton d'espoir.
Comment? Le Dr Noujaim fait l'inventaire d'une stratégie pouvant épargner à la langue arabe maints dangers: «Il nous faut simplifier cette langue qui n'a pas beaucoup évolué à travers les siècles. La rendre accessible et l'imposer dans l'univers virtuel de Twitter et de Facebook. C'est bien la plus noble des révolutions qu'on peut faire.»
La traduction, facteur de sauvegarde et d'innovation
Pour pérenniser la langue arabe, il faudrait passer par la traduction. C'est ainsi que Mme Salam Diab-Duranton, chercheuse au département d'études arabes à l'Université Paris 8, perçoit la solution. «Si la traduction vers l'arabe cesse d'être un acte individuel, artisanal et sans concertation collective ni réflexion scientifique, elle constituerait un moyen permettant le renouveau conceptuel de la langue dans le contexte de la compétition avec les autres langues dominantes, en l'occurrence l'anglais», déclare-t-elle.
Qu'en pensent les jeunes ?
Pour certains, parler et écrire en arabe suppose viser haut. «Ce n'est pas évident pour moi de m'exprimer en arabe, que ça soit à l'oral ou à l'écrit. J'ai reçu une éducation francophone et je me spécialise en littérature anglaise. L'arabe se positionne loin par rapport à la langue de Shakespeare qui m'a toujours enchantée. Il est bon alors de nous secouer avec ce colloque surtout que la langue arabe est un élément principal de notre identité», indique Lama Asmar, étudiante en 2e année de littérature anglaise. Pour Joëlle Boutros, 3e année de traduction, il faudrait mettre un terme à l'hégémonie des langues étrangères sur les réseaux sociaux. Et ce par le biais de l'adoption de la langue arabe comme langue première d'expression.»
Que l'on appartient au camp des francophones ou à celui des anglophones, on a toujours comme langue maternelle l'arabe. Un arabe qui, en dépit de tout, reste un acquis quasi inné. Mais, à l'aube des révolutions, ne serait-il pas sage de porter haut l'étendard de notre langue sans toutefois se noyer dans les obscurantismes et en s'ouvrant aux autres langues, garantes du dialogue interculturel?
Pour mémoire
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